Zola à bicyclette : libre et dans le vent

Zola à bicyclette : libre et dans le vent
Jean-Paul Vespini
Arthaud, 2025
L’amant à bicyclette
1892. Émile Zola achète une bicyclette sur les conseils de ses médecins et de ses amis. La raison principale de cet achat est sa santé (il pèse presque 100 kg et souffre de troubles nerveux), mais il existe aussi une raison cachée : la bicyclette est un moyen pratique et discret d’aller de Médan, où il habite, à Verneuil, où il a établi sa maîtresse, Jeanne Rozerot, et leurs deux enfants.
Un engouement général
Zola ne tarit plus d’éloge sur la petite reine ! Elle fait du bien au corps et à l’esprit, permet de se changer les idées et d’oublier momentanément ses soucis. Il est tellement conquis par ce nouveau mode de déplacement qu’il convainc ses éditeurs de se mettre à la bicyclette ! L’engouement gagne d’ailleurs toute la région parisienne : un peu partout on ouvre des vélodromes où tout un chacun (même les aveugles) peut apprendre à faire du vélo. Tristan Bernard dirige ceux de Neuilly et de Levallois, mais c’est sur celui de Vincennes que se dispute la plus prestigieuse course de l’année. Écrivains, journalistes, peintres, comédiens, médecins, et même le président de la République Félix Faure, tous se retrouvent au Bois de Boulogne pour pédaler. Les courses cyclistes se multiplient, et chaque journal lance la sienne.
Une révolution sociale
Dans cette chronique vive et documentée, émaillée de citations issues des quotidiens de l’époque (Le Gil-Blas, L’Écho de Paris, Le Petit Journal…), l’auteur montre comment le cheval d’acier a peu à peu remplacé le cheval, trop coûteux à entretenir. La bicyclette, en se démocratisant, devient le moyen de transport favori des citadins : nombreux sont les ouvriers qui vont l’adopter pour se rendre au travail, pouvant ainsi prendre un logement moins cher et plus spacieux en banlieue. Pour les femmes également, la petite reine est un moyen de libération, leur permettant de se déplacer seules, de faire du sport, et même, pour certaines, de porter des pantalons. Bref, bien qu’elle ait quelques détracteurs, la bicyclette est globalement vue comme "toute puissante, libératrice, initiatrice de l’avenir", comme le déclarait Émile Zola dans le quotidien Le Vélo du 22 mars 1898.
Jean-Paul Vespini vit et travaille en Provence. Il s’intéresse plus particulièrement à l’histoire de la vélocipédie, a suivi plus de vingt Tours de France et écrit notamment Le Tour de France pour les Nuls. Journaliste au Provençal, puis à La Provence, de 1980 à 2011, il a appris à connaître les habitants, les coutumes et la culture de sa région. En 2011, il décide d’exercer son métier de journaliste en free lance. Depuis quelques années il se consacre à l’écriture et a reçu le prix Louis Nucéra et le prix Antoine Blondin pour son livre Gino le juste : Bartali une autre histoire de l’Italie.
Agnès, mars 2025