Coups de cœur 2024 : pop-rock
Encore une belle année de surprises qui s'achève. Entre le retour de vieux mentors et l'expérimentation de nouveaux groupes, le paysage musical pop-rock ne nous laisse pas sur notre faim et on a hâte d'en découvrir plus.
From zero de Linkin Park
Il y a sept ans déjà, tout le monde se rappelle du décès brutal et dramatique de Chester Bennington, chanteur emblématique du groupe qui a marqué le rock dans les années 2000. Comment se relever après cela ? Personne n'attendait plus le retour du groupe iconique. En 2023, un album anniversaire des 20 ans de l'album Météora laisse renaître un secret espoir. Puis une nouvelle tournée mondiale du groupe est programmée avec une nouvelle chanteuse, Emily Armstrong ; les concerts sont explosifs et la flamme est rallumée. Dans la foulée, ce nouvel opus (le huitième) paraît et écrase toutes les ventes de CD pendant plusieurs semaines. L'héritage du groupe est complexe mais la décision dans cet opus est de réécrire quelque chose de différent. Pourtant, on retrouve les racines qui ont fait le succès de Météora : mélodies et riffs puissants qui se mêlent parfaitement au rap de Mike Shinoda. Une très belle pépite qui ravit tous les fans. Vivement un nouvel opus, qu'on espère un peu plus long !
Songs of the lost world de The Cure
Encore un mentor que l'on n'osait plus espérer... mais c'était sans compter l'énergie créatrice de Robert Smith. Après deux ans de gestation, période chargée de deuils pour le chanteur, on retrouve les sonorités délicates, nostalgiques et un peu surannées, marqueurs forts du groupe. On est un peu plongés hors du temps avec des mélodies un peu désuètes mais qui nous rappellent tant de souvenirs.
Luck and strange de David Gilmour
Un autre retour surprenant. Après neuf ans d'absence, l'iconique guitariste de Pink Floyd nous montre bien qu'il n'a rien perdu de son talent. Les anciens sont toujours bien présents ! Les contributions de sa famille en font un album de cœur. L'album est extraordinaire et de grande qualité, ni rock, ni électro, juste la marque d'un artiste au sommet de son art. À écouter au coin du feu avec une bonne tasse de thé.
Liam Gallagher & John Squire de Liam Gallagher & John Squire
Pour rester dans les légendes, cette union britpop allie habilement nostalgie et renouveau. Ce qui rend cet ensemble si spécial, c’est l’alchimie palpable entre Liam Gallagher et John Squire. Leur collaboration transcende les attentes, chaque morceau étant le fruit d’une harmonie parfaite en réponse à une histoire musicale commune. Un album étonnant à découvrir.
Cutouts de The Smile
Le supertrio composé de Thom Yorke, Jonny Greenwood et Tom Skinner continue de multiplier le champ des possibles en devenant une force créatrice indéniable. The Smile repart dans une musique hallucinée, fantastique, parfois dépouillée des artifices qui faisaient la force de Radiohead. Un bel album qui permet au groupe de continuer d'explorer de nouvelles textures musicales.
Tangk de Idles
La sortie d'un album d'Idles est toujours un événement dans la sphère indie-rock britannique. Cet opus confirme bien l’incroyable alchimie du duo Beavis/Devonshire et fait de ce Tangk un disque plus que surprenant. Le duo veut un peu se libérer de son image de post-punk incendiaire pour se tourner vers des mélodies plus émotives tout en gardant son énergie créatrice.
Yesterwynde de Nightwish
Avec ce 10e album, les maîtres du metal symphonique reviennent en force, jouant avec la nostalgie des fans du genre. On y retrouve ce qui a fait la force du groupe dans Dark passion play : des mélodies instrumentales et riffs de guitare épiques avec profusion d’éléments symphoniques, de couches sonores différentes. C'est un peu un plaisir coupable qui nous replonge dans d'autres univers fantastiques et on se surprend à en siffloter les mélodies inconsciemment.
Prelude to ecstasy de The Last Dinner Party
Ovni dans la scène pop britannique, ce quintette de Londoniennes surprend agréablement. The Last Dinner Party se réapproprie le rock à papa, le transformant en un nouveau rock, encore plus fantasque et déluré. Les productions presque Queen-esques de certains morceaux mettent en exergue l’inventivité de ces cinq Londoniennes tout en apportant de la fraîcheur dans la scène pop-rock alternative.
Hit me hard and soft de Billie Eilish
Billie Eilish signe une nouvelle fois un album abouti, original, touchant et ambitieux. Elle ne se met aucune barrière, et de toute façon, rien ne lui résiste. Rentrons ensemble dans l’univers perturbant proposé par la reine de la pop expérimentale. Le vrai exploit est de nous proposer un album plein de paradoxes (comme l’annonçait son titre), à la fois dérangeant et redoutablement intéressant. Chaque écoute apporte son lot de nouvelles sensations, grâce à la richesse de ses arrangements et la singularité de ses ambiances.
Rock machine de La Femme
Pour finir en beauté, Rock Machine nous immerge dans un univers de surf californien à la française. C’est un peu comme une machine à remonter le temps qui nous propulse dans les années 80 teintées de synthés, tout en nous rappelant que la musique est un organisme vivant en constante évolution. Les influences sont multiples et variées, ce qui donne une galette très éclectique sans grand chose à jeter : on y retrouve l’énergie de la new wave, la mélancolie de la cold wave, quelques touches de pop frenchy ultra-entêtante, sans oublier du gros son qu’on a envie de reprendre en chœur très fort. Une belle réussite.
Grégoire, Janvier 2025