Coups de cœur 2024 : jazz
Que voit-on au rayon jazz en regardant 2024 dans le rétro ? Des trios surprenants, des saxophonistes inspirés, des fusions de toutes sortes et quelques révélations vocales. Retour sur nos albums préférés !
Surprise ! d'Airelle Besson
Commençons cette rétrospective par une excellente Surprise ! Offerte par Airelle Besson, elle prend la forme d'un album en trio placé sous le signe de la spontanéité. On y retrouve avec plaisir le son chaud de notre trompettiste préférée, son sens de la mélodie, la concision de son discours et l'émotion à fleur de cuivre.
Django ! de Baptiste Herbin
Autre trio surprenant et autre titre exclamatif : Django ! du saxophoniste Baptiste Herbin est évidemment un hommage au guitariste Django Reinhardt. Une célébration sans guitare qui retient l'essentiel de l'héritage du génial Manouche : le lyrisme et la liberté.
Tawazûn d'Illyes Ferfera
Du lyrisme, le saxophoniste franco-algérien Illyes Ferfera en a à revendre. À l'alto ou au ténor, il introduit dans sa musique toute la richesse de sa double culture avec un magnifique premier album en quartet, le bien nommé Tawazûn (équilibre en arabe).
Echoes of the inner prophet de Melissa Aldana
Son homologue chilienne Melissa Aldana marche dans les traces d’au moins deux de ses prestigieux prédécesseurs sur le label Blue Note : Wayne Shorter, à qui elle dédie le titre éponyme de son album Echoes of the inner prophet ; et Charles Lloyd, que son jeu évoque parfois. Deux figures inspirantes mais pas écrasantes pour un grand disque de spiritual jazz actuel.
Rising de Jasmine Myra
L'album de sa consœur Jasmine Myra ne manque pas non plus d’âme. Alternant entre saxo et flûte au sein d’un sextette où figurent également guitare et harpe, l'Anglaise délivre une musique à la douceur consolatrice.
We want stars de Sylvain Rifflet
Le saxophone est décidément l'instrument de l'année ! Sylvain Rifflet - également clarinettiste - enchaîne les projets différents sans perdre son identité sonore. We want stars le présente avec synthés et batterie dans un registre électro-jazz cosmique. Un album qui décroche évidemment 5 étoiles !
Samares de Colin Vallon
On reste en apesanteur avec Colin Vallon, pianiste au jeu subtil et délicat, accompagnateur régulier de la chanteuse Elina Duni. Samares, son nouvel album paru chez ECM est un petit bijou de poésie sonore qui renouvelle en douceur le trio piano/contrebasse/batterie.
Entity de Neil Cowley
Fusionnel jusque sur la pochette du disque, le trio de Neil Cowley alterne les thèmes très rythmiques et les plages plus atmosphériques. Avec ses riffs accrocheurs et ses motifs mélodiques répétitifs, Entity est presque un album de pop instrumentale.
Little Big III de Aaron Parks & Little Big
C'est plutôt le versant rock du jazz qu'explore Aaron Parks avec son groupe Little Big. Affranchi du schéma thème/solo/thème, le quartet construit un vrai son collectif autour du piano de son leader et de la guitare de Greg Tuohey. Ce troisième album judicieusement intitulé Little Big III devrait séduire les amateurs de Brad Mehldau tout autant que ceux de Radiohead.
Superkilen de Svaneborg Kardyb
Restons dans les marges du jazz avec Svaneborg Kardyb, envoûtant duo danois mêlant batterie et claviers - piano onirique ou synthétiseurs planants, selon les morceaux – pour flirter avec les musiques électroniques.
Inwards d'Emile Londonien
Chez Emile Londonien, le mariage jazz/électro est tout à fait consommé : un pied dans le jazz hexagonal, un autre dans les clubs londoniens, le groupe strasbourgeois propose un mix singulier qui pourrait bien vous donner des fourmis dans les jambes.
Dance, no one's watching d'Ezra Collective
C'est justement une injonction à la danse que nous lance Ezra Collective, un des groupes phares de la scène londonienne. Leur dernier album se veut la bande-son d'une nuit festive multi-culturelle, où jazz, reggae, soul ou afro-beat se mêlent joyeusement.
Bamako Chicago sound system de Nicole Mitchell & Ballaké Sissoko
Autre projet transversal, Bamako Chicago sound system de Nicole Mitchell & Ballaké Sissoko dresse un pont entre Mali et États-Unis. Autour de la flûtiste et du joueur de kora, des musiciens des deux pays se retrouvent pour célébrer l'union du jazz chicagoan et de la musique mandingue, mélange magique porté par la voix magnifique de Fatim Kouyate.
The Tables will turn de Brandon Sanders
Un peu magicien lui aussi, le batteur Brandon Sanders fait tourner les tables au sein d'un quintette avec vibraphone. L'album nous fait également découvrir la chanteuse Christie Dashiell sur deux splendides reprises : "Human nature" de Michael Jackson et "Prelude to a kiss" d'Ellington.
Fly de Michael Mayo
Autre révélation vocale de l'année, Michael Mayo a publié Fly, un second album qui pourrait faire décoller sa notoriété. On y perçoit toute l'étendue du talent de ce jeune homme, dont l'aisance vocale n'est pas sans rappeler Al Jarreau ou Bobby McFerrin. Une voix à suivre.
Key to the highway de Jean-Jacques Milteau
Au rayon blues, on retiendra la bougeotte de Jean-Jacques Milteau, notre harmoniciste national. Il embarque quelques compagnons bien choisis (les chanteurs Mike Andersen, Harrison Kennedy, Carlton Moody et Michael Robinson) pour une exploration fervente des musiques qui l'ont inspiré au fil de sa carrière : blues, soul, folk et country.
Hill country love de Cedric Burnside
Plus casanier, Cedric Burnside est resté dans les collines du l'état du Mississippi pour y poursuivre la mission entamée par son grand-père Robert Lee : faire vivre le blues électrique minimaliste caractéristique de cette région. Le résultat, Hill country love, est un disque âpre et rugueux comme un whiskey de contrebande !
Jérôme, janvier 2025