La désinvolture est une bien belle chose

jeunes gens attablés dans un café

la désinvolture est une bien belle choseLa désinvolture est une bien belle chose

Philippe Jaenada

Mialet-Barrault, 2024

 

« Les Moineaux »

Dans son 16ème roman, Philippe Jaenada enquête sur un groupe d’adolescents un peu désœuvrés du Paris des années 50, que Guy Debord appelait « les Moineaux » parce qu’ils passaient tout leur temps chez Moineau, un café de la rue du Four. Ils étaient nés entre 1931 et 1935, ne faisaient pas d’études, ne travaillaient pas, et n’avaient aucun projet d’avenir, si ce n’est profiter de l’instant présent. L’une d’entre eux, Jacqueline Harispe, dite « Kaki », jeune, belle, libre, légère et (apparemment) heureuse, s’est jetée par la fenêtre d’un hôtel le 28 novembre 1953. Elle avait 20 ans, et l’auteur essaie de comprendre les raisons de son suicide.
Pour le titre de ce livre, il emprunte une phrase au film In girum imus nocte et consumimur igni (Nous tournons en rond dans la nuit et sommes dévorés par le feu) de Guy Debord.

Complément d’enquête

L’auteur se lance dans une enquête minutieuse, fouille dans les archives, envoie des mails à toutes les personnes qui pourraient lui apporter des éléments nouveaux, et relate au fur et à mesure les découvertes qu’il fait concernant Kaki et ses amis.

Le tour de la France par les bords

N’ayant pas envie de rester à Paris, l’auteur loue une voiture et part faire le tour de la France par les bords. Il raconte son travail d’investigation, tout en livrant des anecdotes attachantes sur sa jeunesse, les premiers temps de sa vie avec son épouse, et c’est, à mon sens, cette partie du livre qui est la plus intéressante. Chaque jour, il change de ville, et n’a d’autre souci que de chercher un café où boire un verre et un restaurant où dîner. Il observe les clients des bistrots et fait un parallèle entre « les Moineaux » et les clients des cafés du XXIe siècle, entre la jeunesse de 2024 et sa propre jeunesse. Cet ouvrage est à la fois un roman, une enquête et un récit de voyage plein d’humanité dans la France populaire d’aujourd’hui.

Philippe Jaenada est né en région parisienne en 1964. Après des études scientifiques, il commence à écrire, et sa première nouvelle est publiée dans L’Autre journal en 1990. Ses sept premiers romans sont largement autobiographiques. Pour les suivants, qui s’inspirent de faits divers qui ont retenu son attention, il entreprend un important travail de recherches archivistiques, tout en conservant son style caractéristique et en incluant beaucoup d’anecdotes autobiographiques.

Agnès, octobre 2024

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